Entre l’âge de 2 et 3 ans, les enfants commencent à comprendre qu’ils ont un contrôle sur leur sommeil. Nous pouvons alors voir apparaître différents comportements nouveaux, que les enfants peuvent toutefois apprendre à modifier. Avant cet âge, les enfants n’ont pas la maturité intellectuelle requise pour apprendre pourquoi ils doivent contrôler leurs réactions. Essayer de leur enseigner trop tôt peut avoir des impacts sur leur développement affectif. Il vaut mieux laisser le temps faire son œuvre.

Même lorsque les enfants sont prêts, ils ont bien souvent encore besoin que leurs parents soient présents pour leur permettre de développer la confiance en eux nécessaire pour dormir paisiblement. Et il est important d’être prudent avant de conclure qu’un enfant a un problème de comportement quand il s’agit du sommeil. En effet, plusieurs facteurs peuvent affecter sa capacité à bien s’endormir ou le nombre de fois qu’il se réveille durant la nuit.

Voici certains facteurs à considérer et des trucs pour en atténuer les impacts :

1. Les besoins fondamentaux

Pour qu’un être humain trouve facilement le sommeil, il est primordial qu’il se sente physiquement bien. C’est d’autant plus vrai pour les jeunes enfants, qui ne comprennent pas les causes de leurs inconforts.

Pour favoriser un sommeil plus profond, nous pouvons donc nous assurer que nos enfants n’ont ni faim, ni soif, ni trop chaud, ni trop froid. Par exemple, il pourrait être intéressant d’inclure une collation santé dans la routine du dodo de votre enfant si vous mangez tôt, ou encore de laisser une bouteille antifuite avec de l’eau près de son lit. Si, à tous les soirs, vous rappelez à votre enfant qu’il a le droit de boire de l’eau sans vous le demander, votre enfant pourra se réveiller sans avoir besoin de faire appel à vous. De la même façon, vous pouvez lui enseigner comment ajuster ses couvertures ou comment les repousser s’il a froid ou chaud. Si vous en faites un jeu, votre enfant devrait apprendre rapidement à être capable de le faire seul. Il ne vous restera qu’à le lui rappeler au coucher durant quelques semaines ou quelques mois.

Un autre besoin fondamental pour les enfants est le besoin de dépenser leur énergie. Un enfant qui ne bouge pas durant la journée aura plus de difficulté à trouver le sommeil. Prévoyez donc des périodes de sport ou d’activité physique en matinée et en après-midi pour lui permettre de bouger. Il aura plus de facilité à trouver le sommeil si son corps est fatigué, autant que son esprit.

2. La douleur

La douleur est partie intégrante du bien-être physique, mais elle est aussi, de mon point de vue, bien différente. La douleur n’amène pas seulement de l’inconfort, mais également un besoin « urgent » de changer la situation. Dans certains cas, avec beaucoup de réconfort, un enfant peut arriver à s’endormir malgré le mal. Mais lors des périodes de sommeil léger, lorsqu’il se retrouve seul, la douleur peut le réveiller. C’est pourquoi beaucoup de bébés ne pourront dormir des nuits complètes tant que leurs dents ne seront pas toutes sorties.

Dans les moments de douleur, l’enfant aura bien souvent besoin de ses parents pour parvenir à soulager son mal ou pour apprendre à le tolérer, selon les circonstances. Si vous suspectez que votre enfant a mal, je vous conseille d’essayer de le soulager. Il existe une bonne gamme de produits naturels ou pharmaceutiques qui peuvent vous aider. Parlez-en à votre pharmacien.

3. Le stress

Le système nerveux humain n’atteint sa pleine maturité qu’aux alentours de 45 ans. Le cerveau des jeunes enfants est donc très immature, ce qui a un gros impact sur leur sommeil, principalement au moment du coucher. Cette immaturité fait en sorte que les jeunes enfants n’arrivent pas à évacuer le stress de leur journée aussi efficacement que les adultes. Ils ont besoin de plus de temps pour trouver le calme nécessaire à l’endormissement. C’est pourquoi beaucoup de jeunes enfants peuvent mettre quelques heures avant de trouver le sommeil s’ils sont seuls. Vous pouvez les aider en instaurant une routine calme avant le coucher, en leur apprenant différentes façons de relaxer (respiration, chantonnement, visualisation) et, surtout, en évitant de mettre de la pression supplémentaire par des cris ou des conséquences.

4. La peur

Quand les enfants commencent à être conscients de leur unicité et de leur environnement, les peurs apparaissent elles aussi. Elles se modifieront graduellement au fur et à mesure que qu’ils grandissent. Certains enfants sont plus craintifs; d’autres ont peu de peurs.

Ce qui est important dans une éducation bienveillante, c’est de se rappeler que même si elles peuvent sembler anodines à nos yeux d’adultes raisonnables, ces peurs ne sont pas des caprices. Elles sont bien réelles pour leur petit cœur d’enfant. Il faut en effet se rappeler que les enfants n’acquièrent pas le principe de réalité avant 4-6 ans. Ce qu’ils voient dans les histoires, ce qu’ils voient à la télévision, ce qu’ils imaginent, ce à quoi ils rêvent, etc. fait partie de leur monde pour vrai. Ils y croient et ils ont besoin d’être accompagnés patiemment pour apprendre à faire la distinction entre la vraie vie et la fiction (vous pouvez voir ma capsule vidéo « Les enfants et la réalité » dans la section vidéo de mon site Internet).

Pour diminuer l’impact des peurs au coucher, il est important de bien cibler la peur en question pour pouvoir instaurer un rituel qui va rassurer votre enfant. Par exemple, s’il a peur des loups, on peut faire le tour de la chambre avec lui pour lui montrer qu’il n’y a pas de loup dans sa chambre. S’il a peur du feu, on peut lui rappeler calmement les consignes de sécurité en cas d’incendie et le rassurer en lui faisant prendre conscience que si le détecteur de fumée est silencieux, c’est que tout est correct. Si la peur survient suite à un réveil, il est important de prendre du temps pour écouter votre enfant, puis pour le rassurer. Si vous êtes calme et confiant, votre enfant s’apaisera beaucoup plus vite.

5. Le besoin d’attention

Le moment du coucher est habituellement un moment agréable que l’enfant partage avec ses parents. Il est normal que votre fils ou votre fille ait envie de prolonger ce temps avec vous, de la même façon que nous aimons prolonger un repas agréable ou une soirée entre amis. C’est d’autant plus vrai pour les enfants qui passent peu de temps avec leurs parents. Quand les moments exclusifs parent/enfant se font rares, les besoins d’attention de l’enfant prennent le dessus sur leur besoin de sommeil et le poussent inconsciemment à rechercher, le plus souvent possible, le contact avec ses parents, même si c’est avec des parents de mauvaise humeur parce que l’enfant ne s’endort pas assez vite.

Vous pouvez diminuer la quête d’attention de votre enfant en instaurant des moments de temps partagé agréables 2 ou 3 fois dans la journée, principalement le matin. Dix minutes de jeux dans votre lit au réveil, par exemple, peuvent donner envie à votre enfant de s’endormir rapidement pour aller vous rejoindre au plus vite. Au moment du coucher, il suffit de lui dire que vous avez aussi envie de passer du temps avec lui quand il sera le temps de se lever.

En résumé, plusieurs facteurs peuvent affecter le sommeil de votre enfant et il est primordial de vous assurer que son environnement est favorable avant de penser qu’il a un problème de comportement ou un trouble du sommeil. N’oubliez pas que le sommeil n’est pas mature avant l’âge de 4-6 ans, ce qui correspond environ au moment où l’enfant n’a plus besoin de sieste. Avant ça, il est normal que votre enfant ne soit pas complètement autonome pour s’endormir et/ou lors des réveils nocturnes (et, même passé 6 ans, il aura parfois besoin de vous s’il se réveille au milieu de la nuit). En attendant, soyez patient, votre présence est essentielle à votre enfant. Profitez-en pendant que vous avez encore autant d’influence sur son bien-être.

 


Odrey Ayotte-Lavoie est psychoéducatrice et conférencière. Elle offre notamment des ateliers bienveillants sur le développement de l’enfant au Québec. Cliquez ici pour connaître toutes les dates.


 

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Author: Odrey Ayotte-Lavoie

Psychoéducatrice et conférencière, Services psychoéducatifs Famille Estrie.